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Gentiloni : «En Libye et au Mali, l’engagement de l’Algérie est très important» (Liberté) – versione originale

Dans cet entretien accordé à Liberté, M. Paolo Gentiloni, ministre italien des Affaires étrangères, attendu aujourd’hui à Alger, revient sur l’excellent état des relations algéro-italiennes au niveau bilatéral, comme il évoque la situation en Libye et donne sa vision sur la lutte contre le terrorisme ainsi que la montée de l’extrême droite en Europe.

Liberté : Votre visite intervient alors que Sonatrach a décidé de relancer la construction du Galsi qui doit approvisionner l’Italie en gaz naturel depuis Hassi-R’mel. L’Italie tient-elle toujours à ce projet en ce moment où la sécurité énergétique de l’Europe est mise en difficulté en raison du conflit en Ukraine ?
Paolo Gentiloni : Je voudrais tout d’abord rappeler que l’Algérie et l’Italie sont les acteurs d’un partenariat stratégique dans le secteur des hydrocarbures, comme dans d’autres d’ailleurs, qui est à l’abri des fluctuations du moment et qui se renouvelle progressivement.
L’ENI peut se vanter d’une présence historique en Algérie qui remonte, pour l’Upstream, au début des années 80. L’Enel s’est récemment adjugé, en partenariat avec Dragon Oil, deux des quatre périmètres récemment attribués par les autorités algériennes. D’autres sociétés italiennes sont bien présentes dans le secteur des hydrocarbures, comme Drillmec, Ansaldo Energia, Bonatti et Tenaris. Certaines d’entre elles visent aussi à établir des partenariats.
Bien évidemment, il faut aussi en tenir compte et s’adapter à l’évolution du marché mondial et à ses contraintes.
Vous avez mentionné la construction du Galsi. Il s’agit d’un grand projet. Il est toujours sur la table, mais il faut attendre que les conditions pour sa réalisation soient propices. Je pense qu’il y a une convergence de vues entre la partie italienne et la partie algérienne.

La stabilité de la Méditerranée est d’actualité. Comment voyez-vous l’issue de la crise libyenne qui alimente aujourd’hui les débats au sein des pays du Sahel dont certains demandent une intervention militaire internationale ?
À l’égard de la Libye, l’Italie et l’Algérie partagent les mêmes préoccupations quant aux risques sécuritaires et ceux liés à la prolifération du terrorisme. Nous sommes convaincus qu’il n’existe pas de solution militaire de la crise.
L’attaque terroriste contre l’hôtel Corinthia de Tripoli montre l’obstination avec laquelle les ennemis de la paix et de la réconciliation essaient de détourner les tentatives pour parvenir à un règlement politique en Libye, et de plonger à nouveau le pays dans le chaos et la violence. Les groupes qui rejettent le dialogue s’exposent à une marginalisation croissante.
À cet égard, nous nous réjouissons des développements positifs en cours à Genève, dans le cadre des discussions entre les représentants des divers groupes libyens.
L’Algérie, qui s’est engagée à faciliter le dialogue entre les différents acteurs locaux, est un partenaire important et précieux dans la recherche d’une solution politique à la crise libyenne.
Nous soutenons le rôle fondamental que l’Algérie joue dans la région comme facilitateur du dialogue et de la réconciliation et nous espérons que le gouvernement algérien continuera cette fonction de stabilisation pour toute la région nord-africaine et pour le Sahel.
Il faut que la communauté internationale continue d’exhorter les interlocuteurs à poursuivre le dialogue, afin de parvenir à une synthèse des positions respectives et en évitant des confrontations armées ultérieures.

La lutte contre le terrorisme est à nouveau relancée avec l’attentat contre Charlie hebdo le 7 janvier dernier. Dans le même temps nous assistons à une montée de l’extrême droite avec des actes racistes et islamophobes. Quelle est la vision de l’Italie sur la question ?
Je crois que les pays des rives nord et sud de la Méditerranée doivent collaborer activement pour réagir efficacement face aux défis de plus en plus complexes liés aux questions de sécurité et de stabilité régionale.
Nous apprécions le rôle constructif joué par  l’Algérie dans la lutte contre l’extrémisme islamique et au terrorisme. Dans la phase actuelle de profonde transformation socio-politique dans la région, l’un des objectifs de la menace terroriste est précisément d’augmenter le taux d’instabilité et d’insécurité. La priorité est de combattre rapidement et efficacement la menace du terrorisme international qui touche à la fois les pays et les communautés musulmanes aussi bien que l’Europe.
Pour faire face à un défi de cette ampleur, nous devons intensifier la coopération internationale, approfondir le dialogue politique et agir avec une “approche globale” basée sur le lien entre le développement, la sécurité, la stabilité et le respect des droits de l’Homme.

La persistance du conflit palestinien constitue l’une des sources du terrorisme dès lors que la répression israélienne contre des Palestiniens apporte de l’eau au moulin des extrémistes. Quel est le rôle de l’Italie dans la relance du processus de paix israélo-arabe  ?
Le gouvernement italien est bien conscient qu’il faut absolument que les deux parties reprennent les négociations directes. C’est, en fait, la seule alternative crédible, à la fois complète et durable, afin de parvenir au règlement du différend israélo-palestinien, basée sur la solution de deux États. Mon effort personnel et celui du ministère des Affaires étrangères se concentrent toujours sur l’atteinte de ce but en pleine coordination avec nos partenaires européens, l’allié américain et les principaux acteurs régionaux.
L’Italie, au fil des ans, s’est sans cesse placée en première ligne quant aux efforts internationaux visant à renforcer l’institution étatique palestinienne et cela, surtout, à travers des programmes de renforcement de l’Autorité palestinienne. Sur le plan formel, également, notre pays est, depuis longtemps, fort convaincu du caractère autant irréversible que graduel du processus de “State building” palestinien. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’Italie a voté, en novembre 2012, en faveur de l’attribution à la Palestine du statut d’État observateur non-membre de l’Assemblée générale des Nations unies.

Le dialogue politique a toujours constitué la force des relations algéro-italiennes. Quels sont les dossiers chauds au niveau bilatéral et multilatéral qui seront au cœur des discussions avec les autorités algériennes ?
Avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères, Son Excellence M. Ramtane Lamamra, nous allons discuter de plusieurs sujets d’actualité internationale, à partir de la situation en Libye et au Mali, où le très important engagement de l’Algérie est à saluer avec reconnaissance de la part de la communauté internationale. On parlera aussi des questions sécuritaires d’intérêt commun, du rôle des Nations unies dans la lutte contre le terrorisme et les fanatismes ainsi que de certains dossiers prioritaires de coopération économique.
L’interdépendance stratégique entre nos deux pays ne touche pas que les hydrocarbures. Nombreux sont les secteurs qui ont offert des opportunités et qui vont en offrir davantage dans le futur, pour créer des partenariats et trouver des solutions mutuellement avantageuses.
Je vais mentionner, entre autres, le bâtiment, l’agro-industrie, l’agriculture, le médical, la mécanique. Il faut aussi rappeler que l’Italie est le deuxième client et le troisième fournisseur de l’Algérie. Il existe une forte complémentarité entre nos économies.
Mais un partenariat stratégique, comme celui existant entre l’Algérie et l’Italie, ne constitue jamais un acquis définitif. Il demande notre application quotidienne pour être renouvelé et consolidé. C’est dans cet esprit et en ayant conscience d’une relation bilatérale riche et dynamique et d’une estime naturelle entre nos peuples que j’entame ma visite aujourd’hui à Alger.

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