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Di Maio: “Nous sommes convaincus de pouvoir jouer un rôle de premier plan en Afrique” (Jeune Afrique)

À 34 ans, Luigi Di Maio a déjà une longue carrière politique derrière lui. Élu pour la première fois député en 2013, il devient le plus jeune vice-président de la Chambre de l’histoire de son pays, sous l’étiquette du Mouvement 5 étoiles (M5S), dont il prend la tête en 2017. L’année suivante, il fait son entrée au gouvernement après la victoire électorale de son parti, au ministère du Développement économique, du Travail et des Politiques sociales. En 2019, il est nommé ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans le gouvernement Conte II. Il détaille pour Jeune Afrique les priorités de la politique étrangère italienne.

Quelles sont aujourd’hui les priorités de votre ministère en Afrique ?

Luigi Di Maio : L’Italie jouit d’une histoire séculaire sur le continent, établie sur des relations politiques traditionnelles, et des échanges commerciaux et économiques importants. Fort de ses liens solides, notre pays a développé une approche stratégique qui englobe les secteurs que nous considérons prioritaires : de la collaboration culturelle et scientifique jusqu’aux actions de soutien à la démocratie ou à la stabilisation des zones en crise. Sans oublier la lutte contre les effets du réchauffement climatique. L’Afrique est une priorité de la politique étrangère italienne. Il s’agit d’un continent dont nous nous sentons proches, et pas seulement pour des raisons géographiques. Nous voulons y être de plus en plus présents et nous sommes convaincus de pouvoir y jouer un rôle de premier plan aux côtés de nos partenaires.

Comment résumez-vous la politique migratoire de l’Italie ?

Elle est globale dans le sens où il s’agit d’une stratégie qui tient compte des aspects liés à l’assistance des réfugiés et des migrants, et qui vise à aider les pays concernés en Afrique à renforcer leurs moyens de lutte contre les trafics de personnes, tout en créant des opportunités socio-économiques pour leurs populations. Elle se fonde sur un dialogue constant avec les pays d’origine et ceux qui voient transiter les flux.

Est-ce pourquoi l’Italie s’implique davantage ces dernières années dans le Sahel ?

La stabilité de cette région est prioritaire. Elle représente pour nous un intérêt national direct depuis que la continuité géopolitique entre le Sahel et l’Afrique du Nord a été clairement établie après la crise politique et sécuritaire en Libye, et les énormes turbulences qu’elle a provoquées dans l’ensemble des pays sahéliens. L’Italie est donc très active au sein de la coalition du G5 Sahel et a été l’un des pays les plus investis dans la nouvelle stratégie de l’Union européenne (UE) dans la région.

Quelle est justement la position italienne sur la Libye ?

Nous sommes très engagés dans ce pays, où l’Italie soutient la même position depuis le début de la crise : aucune option militaire mais une solution négociée par les Libyens eux-mêmes. L’intervention de la communauté internationale a permis de créer un espace dans lequel les Libyens ont pu conclure un accord de cessez-le-feu et définir une feuille de route jusqu’aux élections générales de décembre 2021. Autant de progrès qui étaient encore impensables il y a quelques mois et qui demandent à être consolidés. Aujourd’hui, grâce à la détermination des Libyens et aux efforts réalisés par les Nations unies dans le cadre de la conférence de Berlin de janvier 2020, le pays a une vraie opportunité devant lui pour entreprendre une normalisation, qui s’annonce encore longue et semée d’embûches.

Et concernant l’Éthiopie ?

Notre partenariat historique ne se base pas que sur des priorités politiques communes, telle que la stabilisation de la Corne de l’Afrique, mais sur une approche globale incluant la coopération au développement, les relations culturelles et économiques. Dans ce contexte, nous soutenons l’agenda ambitieux en matière de réformes porté par le Premier ministre, Abiy Ahmed, que nous estimons bénéfique pour la population éthiopienne.

Beaucoup de pays européens mettent en oeuvre cette « approche intégrée » en Afrique, que l’Italie développe avec l’Éthiopie. Comptez-vous la généraliser à l’ensemble du continent dans le cadre d’une véritable « stratégie africaine » ?

Notre approche est inclusive et se fonde sur la collaboration des différents acteurs : gouvernements, institutions, secteur privé, ONG, etc. Le ministère a récemment défini un document intitulé « Partenariat pour l’Afrique », qui précise nos priorités, ainsi que les grandes lignes directrices de notre action. C’est dans l’absolu le premier rapport de ce type en Italie. Il doit nous aider à devenir plus pragmatique et opérationnel à travers le continent.

Diriez-vous que l’Italie s’investit davantage sur le continent aujourd’hui ?

Nous avons considérablement renforcé notre présence en Afrique. Ces dernières années, nous avons inauguré de nouvelles ambassades en Guinée, au Niger, au Burkina Faso et bientôt au Mali, ce qui démontre notre implication dans le Sahel. Nous avons été le premier pays membre de l’UE à ouvrir une représentation permanente auprès de l’Union africaine (UA). Militairement, notre contribution est directement liée à nos objectifs en matière de sécurité nationale, comme la lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine et la criminalité organisée.

Dans quels cadres l’Italie intervient-elle militairement en Afrique ?

Nous sommes actuellement l’un des principaux contributeurs occidentaux en Casques bleus à travers le continent. Les soldats italiens sont présents au sein de la Minusma au Mali et de la Minurso au Sahara occidental. Nous sommes également présents en Somalie, au Niger, au Mali et en République centrafricaine dans le cadre de différentes opérations européennes. À titre bilatéral, nous soutenons nos partenaires africains en Libye, à Djibouti, et donc au Sahel. Enfin, l’Italie a adhéré à la task force Takuba et a envoyé la frégate Martinengo dans le golfe de Guinée pour lutter contre la piraterie et participer à la formation des forces navales des pays côtiers.

Que fait concrètement le gouvernement pour soutenir le secteur privé italien en Afrique ?

Nous renforçons nos réseaux de soutien sur le terrain, qui ne se limitent pas à nos ambassades et à nos agences consulaires, mais qui comprennent également les bureaux de l’Italian Trade Agency (ITA). Dès que les conditions sanitaires le permettront, nous redéfinirons un calendrier de missions commerciales et d’initiatives diverses, destinées à approfondir les relations de nos entreprises avec le continent sur les secteurs les plus prometteurs et dans les projets financés par les banques multilatérales de développement.

Les priorités italiennes ont-elles changé avec la pandémie du Covid-19?

Elle a davantage mis en relief les secteurs de coopération sur lesquels nous entendons nous concentrer, notamment en faveur d’une reprise économique rapide, durable et inclusive. D’un point de vue sanitaire, l’Italie a été l’un des grands promoteurs de l’Accélérateur ACT, mis en place par l’UE et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en septembre, pour accélérer la définition et le déploiement de vaccins, tests et traitements contre le virus, tout en améliorant les systèmes de soin sur place. Démarrée dans ce contexte en décembre, la présidence italienne du G20, établie sur trois piliers ­ People, Planet and Prosperity ­, s’attachera à relever ces défis, avec pour fil conducteur, la lutte contre la pauvreté, avec un intérêt particulier pour l’endettement des pays. L’Italie a décidé de consacrer à l’Afrique une partie importante de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qui se tiendra à Matera, les 28 et 29 juin.

 
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