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Bonino: «Emma Bonino: l`Union européenne ne donne pas la priorité aux questions de sécurité» (Le Figaro)

Commissaire européenne à l’Action humanitaire de 1995 à 1999, Emma Bonino est ministre des Affaires étrangères de l’Italie. De retour d’Iran, où elle vient d’effectuer la première visite d’un ministre occidental depuis dix ans, elle repart lundi pour une tournée en Afrique.


En avril dernier, vous déclariez que la France avait bien fait d’intervenir militairement au Mali. Mais en mente temps, vous l’appeliez à s’en retirer, je vous cite, «au plus tôt». Que pensez-vous de la situation actuelle


L’intervention française était nécessaire car il fallait éviter à tout prix la prise de Bamako par les djihadistes. Battus sur le terrain, ils ont essaimé avec une mobilité extrême vers les pays riverains, la Libye surtout et le Sud algérien. Cela pose aujourd’hui un problème de sécurité qu’on n’avait peut-étre pas pleinement évalué à l’époque. Parmi les immigrés qui affrontent la dangereuse traversée en mer vers l’Europe, on se rend compte actuellement que derrière les femmes et les enfants se cachent des individus nettement moins sympathiques qui viennent chez nous pour «se déguiser» ou se refaire une sante. Je ne cesse de le répéter. La difficulté à contrôler ces débarquements pose de plus en plus un problème de sécurité. Il s’agit d’un phénomène nouveau dont les Européens seraient bien avisés de se rendre compte et de coopérer entre eux.


La France se retrouve bien seule en Afrique dans des situations critiques. Que pensez-vous du soutien promis par l’Europe ?


Comme pour nous en Méditerranée. Beaucoup de promesses face aux afflux de clandestins, mais aucune aide concrète. En RCA, Laurent Fabius nous avait informés au dernier sommet bilatéral (le 20 novembre à Rome) qu’existait une situation prégénocidaire. La France a donc eu raison d’intervenir, forte du mandat de l’ONU. Je note simplement que le soutien demandé par la France à l’Europe n’est pas tellement de type militaire. Pour cela, elle préfère s’en remettre, à juste titre, à ses alliés africains. Mais Paris a besoin d’un appui financier, économique et politique. Or force est de constater que les Conseils européens sont dominés par des questions financières et que les questions de sécurité arrivant de l’étranger ne figurent pas en première ligne. Méme le dernier Conseil qui devait être consacré à la défense européenne a été dominé par l’Union bancaire.


Les 21 et 22 janvier, vous vous étes rendue à Téhéran, à un moment de réelle inquiétude pour la mise en ceuvre de l’accord antinucléaire négocié le 24 novembre à Genève. Comment avez-vous trouvé vos interlocuteurs lraniens, le président Rohani et votre homologue Zarif?


Ces inquiétudes sont maintenant dépassées. Après Noël les discussions ont repris au niveau technique pour convenir d’engager le pian d’action dès la fin janvier. J’ai mené avec l’Iran une ouverture prudente. Ma visite m’a permis de comprendre l’opposition que les dirigeants iraniens rencontrent de la part de l’establishment conservateur. La démarche (inaugurée par ces négociations, NDLR) est étroite pour eux comme pour nous. L’Occident serait bien avisé de la suivre en toute bonne foi. Nous devons faire le maximum pour qu’elle aboutisse.